Qui suis-je?

Lorsqu’elle invente ses colliers, Anne Cécile Mesplet aussi rend la femme unique. Avec les ingrédients collectés tout autour du monde, dans les nombreux pays où elle s’est un jour rendue, elle recompose les univers, croise les idées, reconstitue les histoires et au final, au grand final, elle donne à voir et à lire et à aimer ses œuvres comme le poème d’un voyageur qu’il aurait écrit avec tous les sables de la planète.

 

Anne Cécile Mesplet a vu l’Algérie, la Tunisie, le Maroc. Elle a aimé Ceylan et les Maldives. Elle a arpenté le Mali, le Burkina Faso, le Togo et le Niger. En Grèce, en Crète, en Turquie, à Malte, en Thaïlande, au Rajasthan, au Mexique et au Pérou, elle a guetté les traces de toutes les civilisations. En Espagne, à Madère, partout ailleurs, elle a questionné les orfèvres, les hommes de savoir et les femmes secrètes pour découvrir le trésor impossible.

 

De tous ces voyages, elle a rapporté du lapis qui venait d’Iran et d’Afghanistan, des turquoises de l’Arizona et du Tibet, de la chrysoprase d’Afrique du Sud, riche d’une palette de verts, de l’amazonite, des perles du néolithique que le désert rend parfois aux hommes modernes, des perles d’ébène, de la corne, des coquillages, du quartz et de la pâte de verre ancienne, de celle qui fut fabriquée à Murano au XVIIIè siècle et qui servit de monnaie d’échange en Afrique en ces temps.

 

De ce grand mélange des formes, des usages et des matières, oubliant volontairement l’or qui rend fou et préférant la grande palabre ethnique qui donne plus d’humanité à ses créations, Anne Cécile Mesplet construit depuis des années un musée à la fois imaginaire et bien réel. Ses colliers d’ailleurs, comme elle les a baptisés pour dire qu’ils forment une belle et forte famille universelle, dialoguent comme à Babel pour dire que le monde est beau et précieux pour qui sait écouter, regarder, aimer les hommes et leurs civilisations. Ses colliers d’ailleurs qui deviennent par magie des colliers d’ici-même sont de merveilleuses parures lesquelles ont ce pouvoir d’intriguer, de fasciner et d’engager un échange.

 

En cela, ils sont des trésors toujours nouveaux, faits d’anciens, d’ailleurs et d’étrangeté.

 

En cela, ils sont des souvenirs intacts, fruit d’un amour pour les beaux métissages.